C'est l'obsession de Madonna. La chanteuse, qui veut faire sa place au cinéma, a signé un premier film il y a quatre ans. Un long-métrage un peu foutraque, mais cohérent dans ce qu'il brossait : le parcours chaotique de quatre collocs à la marge. Avec W.E. (pour Wallis & Edouard), elle s'attaque à un épisode controversé de l'histoire anglaise contemporaine. Wallis Simpson, femme battue, remariée, va s'enticher du futur roi Edouard VIII. Mais la famille royale, comme l'opinion publique, voit cette union d'un mauvais œil. Par amour, le roi va finalement abdiquer. Soixante ans plus tard, Wally Winthrop fait le pied de grue dans une salle des ventes où sont prêtes à être mises aux enchères les affaires personnelles de Wallis Simpson. Malheureuse dans son mariage, Wally se sent étroitement liée au sort de Wallis...

Madonna ne s'en tient pas à un simple portrait, mais met en parallèle deux destins de femmes pour rythmer son récit. La chanteuse-réalisatrice joue sur cette dualité pour développer maladroitement le symbole de deux femmes courage. La faute à un montage pénible et chaotique, qui tient du découpage clipesque, où allers et retours incessants entre passé et présent s'enchaînent. Jusqu'à ce que les deux se confondent, avec son lot de libertés historiques qui ont agité la critique au dernier Festival de Venise (on a reproché à Wallis Simpson sa proximité idéologique avec le régime nazi). On pouvait s'y attendre, W.E .est également nourri d'une bande-son éclectique qui interroge, comme le film dans son ensemble. Pourtant, les deux histoires ne manquent pas d'intérêt et les deux actrices (une inconnue, Andrea Riseborough et Abbie Cornish, vue dans Bright Star ou Sucker Punch), fascinent par leurs sensibilités à fleur de peau.