L'histoire d'un lien, celui indéfectible que le documentaliste, photographe et réalisateur Raymond Depardon entretient avec le monde paysan. Celui de son enfance et celui de ceux qu'il a filmés par deux fois dans L'approche et Le quotidien, deux regards sur le monde agricole et ses habitants, ceux qui le font et ceux qui le vivent. Pour le film, il retourne au fil des saisons chez des agriculteurs qu'il a appris à connaître, à la fois pour montrer leur quotidien et envisager leur rapport à la modernité et aux changements.
La vie moderne
Bien sûr, il y a la rengaine du « rien n'est plus comme avant », les machines ont remplacé les bêtes et le monde paysan se meurt tout doucement. Peut-être pas semble dire Depardon dans on film, car à bien des égards il filme des hommes pour qui bien peu de choses ont changé au fil des années, de ceux qui ont vécu 'passionnés' par leur métier et qui, à plus de 80 ans, ne peuvent s'empêcher de sortir chaque jour leurs moutons dans les vallées cévenoles. Une caméra discrète posée au coin d'une scène, une bête qui se meurt, des moutons qu'on rentre, ou alors une interview franche et directe pour parler du quotidien et de ses enjeux : l'exploitation qu'on ne pourra pas faire vivre, la transmission d'une ferme, l'envie de perpétuer le métier, le changement. Et, devant la caméra du cinéaste se dévoile lentement un univers qu'on ne soupçonnait pas, sans doute âpre parfois, mais ni passéiste, ni ringard, juste serein et pas plus inquiet des évolutions actuelles qu'autrefois. Un monde aussi très ancré dans une terre qu'il aime par-dessus tout et comprend peut-être mieux que n'importe quel spécialiste. Comme à son habitude, Raymond Depardon signe un témoignage indispensable parce que rare et jamais conduit par une autre volonté que celle de faire découvrir et partager à son spectateur un peu de la vie de ceux qu'il filme. Un voyage illustré par les deux plans qui ouvrent et ferment le film, symboles d'une démarche forte
Publié le 28/10/2008