Un chasseur, un prêtre et un forgeron affûtent leurs armes et descendent dans les bois pour traquer un homme : un ermite sorti de nulle-part, Camiel Borgman, qui vit dans une cache souterraine. Dans sa fuite, il va trouver refuge dans le pavillon d'une famille bourgeoise. La scène d'ouverture est à l'image du film, déjantée et surréaliste.

Au fil d'un long-métrage aux rebondissements minutieusement dévoilés, on se rendra compte qu'il n'est pas vraiment là par hasard... Outsider du septième art (il n'a rien sorti depuis 15 ans), le cinéaste néerlandais Alex van Warmerdam rejoint pour la première fois la compétition cannoise. Il n'était pas attendu au tournant, et c'est tant mieux pour l'effet de surprise. Film hybride entre Funny Games, Sitcom (de Ozon) et la filmographie de Dominik Moll, Borgman s'installe dans une atmosphère ouatée qui tutoie le cinéma scandinave auquel il faut rajouter une grosse dose d'humour noir. A l'origine, il y a ce personnage surréaliste, « hobo » pernicieux, mystique et providentiel qui va s'immiscer dans l'existence de personnes ordinaires. Ils en ressortiront transformés. A partir du personnage, van Warmerdam tisse une intrigue subtile où les indices se répandent et se répondent, mais jamais totalement. A aucun moment, le réalisateur ne donne les clés du film qui gardera sa part de mystère. Roublard, peut-être, manipulateur sans doute, mais le scénario est suffisamment bien construit pour ne jamais lasser son spectateur.