Le Firmament

Douze femmes soustraites à leur quotidien font jury populaire pour décider de la vie ou de la mort d’une treizième. Un procès à l’aune de la condition féminine dans l’Angleterre victorienne.

Avec cette pièce inédite en France de Lucy Kirkwood, Chloé Dabert, directrice de la Comédie de Reims, continue son exploration des dramaturgies britanniques contemporaines et de leurs écritures incisives à la précision d’orfèvre. Car la langue de cette pièce qui renouvelle le genre du procès, se fait triviale, archaïque et insolente. L’action se situe en 1759, dans le Norfolk. Sally Poppy, une jeune domestique brisée par une vie d’humiliation est condamnée à la pendaison pour le meurtre d’une fillette de bonne famille. Lorsqu’elle déclare être enceinte – seul moyen d’échapper à la mort – douze femmes sont réunies pour savoir si elle dit la vérité, ou pas. Ce jury de matrones se retrouve exceptionnellement dispensé des tâches ménagères le temps du procès. Que faire alors de ce temps et de ce « pouvoir » dont elles n’ont pas l’habitude ? Enfermées dans une pièce obscure, « sans nourriture, boisson, feu ni chandelle », elles vont apprendre à débattre mais aussi à exposer leur condition de femme, lutter pour la justice, tout en laissant émerger des récits de vies. Le suspens, l’humour et l’urgence habitent tout du long cette fresque sociale et politique, qui sait injecter de la complexité dans les conditions disparates de ces femmes. À leur image, les seize comédiennes d’horizons très divers sont comme le miroir contemporain de questionnements féministes, sociaux, jamais interrompus depuis le xviiie siècle.