Any attempt will end in crushed bodies and shattered bones

Ode à la résistance pour 17 danseurs et danseuses de toutes générations ! Jan Martens signe une chorégraphie millimétrée, qui a électrisé le Festival d’Avignon à sa création.

« Toute tentative se soldera par des corps broyés et des os brisés ». Ces mots glaçants, prononcés par le président chinois Xi Jinping lors des manifestations de Hong Kong en 2019, agissent comme un aiguillon sur les interprètes de 15 à 70 ans : elles et ils cherchent, chacun·e, une réponse gestuelle qui soit comme autant d’oppositions au rouleau compresseur.
Cette pièce grand format de Jan Martens active la mobilisation collective comme un mantra répétitif. L’immobilité devient une arme et se transforme en une infinité de variations résistantes, qu’elles soient collectives ou individuelles. La partition de clavecin hypnotique de Górecki s’accorde à merveille aux gestes obsessionnels. Parfois, les rangs se resserrent, l’ordre rôde, l’unisson gagne, et le texte énoncé au micro prend des accents fascisants. Ce qui n’empêche pas l’humour décalé, une des marques de fabrique du chorégraphe belge. Jan Martens semble ici opérer une synthèse chorégraphique des influences qui le traversent. Son ballet minimaliste et foisonnant a la rigueur d’écriture d’une Lucinda Childs, les fluidités géométriques d’Anne Teresa de Keersmaeker, l’explosivité démultipliée de Boris Charmatz. Et sur le plateau nu, cette communauté affichant une si belle diversité des corps, des âges, des origines semble une réponse éclatante aux visions réactionnaires du monde.