Wilde side

Admirateur de Wilde depuis des années, Brandeth ne cache pas que l'idée de ressusciter l'homme de lettres lui trottait dans la tête depuis quelque temps. Fin connaisseur de l'homme et de son oeuvre, il ne lui manquait qu'un prétexte pour redonner vie au célèbre dandy, ce sera la découverte de l'amitié qui le liait à Arthur Conan Doyle, auteur de Sherlock Holmes. Dès lors, pourquoi ne pas s'imaginer Wilde en détective à ses heures ? Et Brandeth de signer des enquêtes policières qui valent autant pour leurs mystères que pour les personnages qu'elles mettent en scène, à commencer par Wilde lui-même, auteur brillant et aussi fin connaisseur de la rue londonienne que des hautes sphères de la société de l'époque. Dans le sillage de ce dilettante, Conan Doyle justement, et Robert Sherard, narrateur et premier biographe de Wilde, mènent des enquêtes d'une forme certes classique mais que des dialogues croustillants et une langue pétillante et enlevée rythment avec beaucoup d'à-propos.

Dans Oscar Wilde et le jeu de la mort, l'écrivain et ses amis sont confrontés, après une innocente soirée à jouer à citer le nom de gens que chacun souhaiterait voir mourir, à une série de meurtres frappant les victimes putatives de cette liste. Dans le nouvel opus de ce qui est devenu une série, Oscar Wilde et le cadavre souriant, Wilde, alors à Paris, croise la route de Sarah Bernhardt et Edmond la Grange confrontés à des disparitions mystérieuses. Tant dans la recréation d'un XIXème siècle finissant que dans la mise en mots des enquêtes tantôt sérieuses, tantôt décalées d'un Oscar Wilde détective, Gyles Brandeth s'en sort avec les honneurs, distillant au gré de pages jamais pesantes une belle envie de redécouvrir l'homme et l'auteur qui ont pu donner vie à ce singulier enquêteur. Un détective est bel et bien né.