Popopop !

On pourra toujours raconter tout et son contraire sur la vie dissolue de Joey Starr, sur les excès supposés du duo, sur des extraits de chansons pris en dehors de leur contexte d’origine, il restera toujours une évidence et une certitude. Quiconque n’a jamais écouté NTM ni jamais vu le combo sur scène ne peut définitivement prétendre comprendre quoi que ce soit à ce qui fait la singularité de ce duo fondateur du rap français. Car le hip hop en France ne serait sans doute pas ce qu’il est devenu, si les deux lascars et leurs compères de l’époque n’avaient pas un jour décidé de pousser plus loin leur aventure. On ne refera pas ici l’histoire de ce combo, d’autres s’étant chargé de le faire avec brio. Tout juste pouvons nous rappeler que Didier Morville aka Joey Starr et Bruno Lopes aka Kool Shen ont débuté leur apprentissage par les fondamentaux de la danse et du graff avant de se lancer dans le rap.

Cela a son importance si l’on veut comprendre l’attachement du groupe aux valeurs du mouvement hip hop. La rue, les deux gars la connaissent surtout comme un lieu de création et d’expression, tout simplement comme un espace où la force de vie est bien plus importante que les pulsions de mort qu’on agite trop souvent lorsqu’il s’agit de décrire les quartiers dit sensibles. NTM, c’est de la vie puissance mille. Et quand on prend cette énergie en pleine gueule sans recul, on peut effectivement vaciller. Et dans ces cas – là, il est toujours plus facile de crier au loup que d’accepter d’être un peu bousculé. Mais si on laisse ses certitudes au vestiaire, alors on découvre un terrain de jeu incroyable qui met en scène la parole, le corps et l’esprit. Or, en la matière, le Suprême NTM reste – même après des années de désertion – l’une des plus impressionnantes entreprises du secteur. Le concert du 24 octobre ne devrait pas démentir cette réputation.