Parole aux petites filles

Si la première a trouvé sa place dans l'écriture des déjà nombreuses propositions de la compagnie, le second s'épanouit dans la mise en scène des textes de sa complice autour de sujets toujours adoptés en commun. Depuis 2008, le duo explore autant les formes que le fond. Après avoir interrogé dans des formats classiques le désir sexuel (Inextinguible), le désir de faire (Desirium Tremens, une mythologie du travail) ou de parler (Aveux), avoir proposé avec Eugène Durif le Poétique Ensemble, réfléchi sur Les 7 pêchés capitaux, imaginé avec Le 20 novembre une création numérique autour d'une fusillade dans un collège allemand, la Cie Dyptique continue d'explorer les enjeux contemporains en laissant la parole aux fillettes d'aujourd'hui.

Bien plus qu'une simple adaptation du texte de Lewis Carroll, la pièce, née de la collaboration entre Céline Clergé et Mona El Yafi, invite à partir à la découverte de la parole des petites filles d'aujourd'hui, matière première féconde qui a nourri le travail créatif de l'équipe. Comme souvent, le dialogue entre les mots recueillis et le travail d'écriture de Mona El Yafi et sa complice nourrit la mise en scène portée par Ayouba Ali. A partir des phrases collectées au fil d'un stage avec filles et femmes se construit un spectacle qui interroge la transmission et l'échange entre générations sur fond de scénographie florale autant que les injonctions reçues par les jeunes filles.

Installée dans l'Oise, la compagnie, comme d'autres, a du trouver les moyens de continuer à créer malgré les confinements successifs et les reports. Devenue proposition numérique, Le 20 novembre (de Lars Noren) a pu exister tout de même, le soutien et les compagnonnages essentiels ont garanti un appui indispensable à l'équipe, mais l'équilibre reste fragile et conditionné aux possibilités de tourner et de montrer les spectacles d'un coin à l'autre de la région, et au-delà. D'ici là, rendez-vous au théâtre de l'Aventure.