My dream in your memory

Avec la création de I.D. nous sommes devant un Objet Lyrique Non Identifié. Cette longue et lente méditation musicale sans discours narratif pour une soprano, un mime, et 7 musiciens (Orchestre Les Siècles) déroule les volutes d’un continuum sonore qui, tel une gigantesque aria, déploie les ailes de la mémoire de Mimi et de son double en voix de synthèse. Une prouesse technologique qui fait pas mal phosphorer aujourd’hui les chercheurs (IRCAM, CNRS, INRIA, CIRMMT…) qui ont participé à ce projet qui met la science au cœur de la création artistique. La séduisante musique d’Arnaud Petit convoque quelques réminiscences qui, de la musique répétitive au Sprechgesang (parlé/chanté) cher à Berg ou Schoenberg, nous plonge dans un univers lyrique très XX^e siècle tandis que discrètement, les technologies les plus sophistiquées sont à l’œuvre.

Dialoguant entre réel et virtuel, le mime Jean Asselin fait naître en poétisant l’espace par ses mouvements, l’image miroir de Mimi (mention spéciale à l’excellente interprétation d’Éléonore Lemaire) tandis que celle-ci se souvient d’une séparation douloureuse et ancienne de « revenants-revenus » qui a peut-être eu lieu en 1944. On retrouve en filigrane dans cette histoire, les thèmes de prédilection d’Alain Fleischer, la Shoah mais aussi la présence de différentes langues qui s’entremêlent pour donner à voir, porté par une scénographie ultra minimaliste, un rêve éveillé où la mémoire serait le personnage principal.