p12 haut lire.jpgCertains aimeraient classer tous les immigrés dans la même case, pourtant, leurs destins sont multiples, leurs chemins composites, leurs interrogations diverses. Ce sont ces questionnements autour de la place du peuple Noir que développe Léonora Miano dans Tels des Astres éteints (Pocket, 7,30€). Un roman empreint de poésie, souvent métaphorique, un peu philosophique, mais aussi au coeur de la réalité. Dur, cru, adouci par une écriture sublime. Et la musique, bande-son déroulée au fil des pages. Être Noir aujourd'hui en France, venir d'un pays d'Afrique comme des DOM-TOM reste toujours compliqué. Amok et Shrapnel, Africains, amis d'enfance, et Amandla, Rasta de La Caraïbe, le savent bien, le vivent chacun à leur façon, chacun essaie de trouver sa place. Amok en reniant ses origines de la bourgeoisie noire ayant aidé les colons, Shrapnel avec ses idées idéalistes, confrontées à sa réalité quotidienne, Amandla en prônant la révolution Kémite. Trois façons d'avoir la peau noire aujourd'hui ; quêtes d'identités qui parlent à chaque lecteur, quelle que soit sa couleur de peau.celles_qui_attendent_03.jpg

N'oublions pas ceux qui ne partent pas... Fatou Diome (photo) nous permet de nous glisser dans la peau de Celles qui attendent (Editions Flammarion, 20€). Lamine et Issa sont partis, clandestinement, vers l'Europe. On vit cet espoir du voyage vers un ailleurs censé être meilleur, avec leurs mères, Arame et Bougna, vigies restées au village. Des doutes, des peines, toujours cette attente. Arame survit aux côtés d'un mari, auquel on l'a mariée de force, aigri et vieux, aujourd'hui cloué au lit, ce qui ne l'empêche de déverser sa bile ; Arame n'a plus que son dernier fils, Lamine, le premier étant mort en mer, lui laissant la charge de ses petits enfants. Son amie Bougna, maman d'Issa, a d'autres soucis : comment supplanter l'autre femme de son mari ? Vie quotidienne difficile, toujours en tension, où transparaît sans cesse cet espoir placé dans leurs fils, attendus par deux autres femmes, Coumba et Daba, leurs épouses. Parole des femmes restées au pays rarement entendue, elle leur est donnée à travers un roman brillant, magistral.