Le voyage des noctambules

Londres, au cœur de la nuit Jimmy roule au volant de son taxi, une Nissan Bluebird. Les clients s’épanchent sur leurs problèmes. Insomnies, chagrins d'amours, angoisses, désirs de violence... Tous ces hommes représentent la dureté de la vie, la tragédie d'une société urbaine en déclin. Jimmy, lui, est plein d'espoir en l'humanité, il console, aide, conseille et rassure tous ces noctambules épris de mal-être. Réceptacle de toute cette humanité disloquée, Jimmy se livre aux spectateurs, sur ses démons. Il roule, avance jusqu’au lieu d’un accident tragique, survenu cinq ans plus tôt. Chaque personne mène géographiquement et émotionnellement Jimmy un peu plus près de son but : retrouver sa femme, Clare, qu’il n’a pas vue depuis le drame. Il doit lui parler, la réparer et se réparer.

Bluebird est une sorte de road-movie théâtrale, la route matérielle est importante, mais elle n'est rien comparée au chemin émotionnel que vivent les clients et le chauffeur de taxi. Le spectateur peut se retrouver dans chaque tourment, la souffrance est universelle et Bluebird tient à montrer que l'espoir l'est aussi. Débutant comme un thriller, cette pièce de théâtre superbement réalisée par Claire Devers et écrit par Simon Stephens est une bouleversante histoire d'amour et d'humanité, un voyage intimiste et généreux interprété par Philippe Torreton.