On croit tout connaître de cette histoire de vieux barbon de Bartholo amoureux de Rosine sa pupille, qui se fait brûler la politesse par le jeune et beau comte Almaviva dont l’honnêteté n’est pas la première qualité, et bien on a tort, car après avoir vu le nouveau spectacle de Laurent Hatat, on se rend compte que sous le vernis de la comédie légère, le drame est là, sous-jacent. Fort de sa dernière expérience réussie avec Nathan le Sage, Laurent Hatat qui aime la belle langue classique nous prouve aussi que le rire est salutaire et qu’il n’empêche pas d’être bousculé et questionné sur l’injustice et l’inégalité sociales, qui nous le savons tous, ne sont pas l’apanage du XVIII ème siècle !
La précaution inutile ou le Barbier de Séville
Le rideau se lève sur une vespa rouge et Figaro en mauvais garçon sorti tout droit d’un film noir des années 60…
Troisième création de Laurent Hatat au Théâtre du Nord auquel il est aujourd’hui metteur en scène associé, cette Précaution inutile nous raconte une aventure humaine où chacun va perdre des plumes, notamment la jeune Rosine. Outre la dénonciation des illusions de la jeunesse et de la prédestination sociale, on peut aussi voir un portrait de la condition féminine de l’époque. Il y a dans cette « comédie authentique et sans tendresse » de l’émotion, de la finesse, de l’humour - on rit beaucoup, même de la cruauté - sur un rythme enlevé par une belle équipe d’acteurs fidèles qui ont l’habitude de travailler avec Laurent Hatat.
Le compositeur Frédéric Tentelier propose ici une musique d’aujourd’hui jouée en direct par les acteurs-musiciens. Côté décor, difficile de faire plus dépouillé, un piano à queue blanc, deux fenêtres qui jouent parfois les écrans vidéos et puis rien que la lumière, le jeu des acteurs et une langue qui n’a besoin de rien d’autre.
Publié le 19/01/2010
Du 20 janvier au 5 février 2010, Théâtre du Nord, Lille.
Tél.03.20.14.24.24.
www.theatredunord.fr