Découverte au fil de lectures, la rencontre entre les mots de l'auteure russe morte en 1941 (elle se suicidera, ne supportant pas son retour en Russie) et l'artiste est presque une évidence. Au travers de correspondances et de poèmes, Marina Tsetaeva n'aura de cesse de courir après un absolu qui lui échappera toute sa vie durant. De cette quête, transcrite sur un plateau plein de neige et de musique (deux musiciens sont présents sur scène tout au long du spectacle), Anne Conti tire un spectacle-cri en forme de poing dressé. Dans sa bouche, les mots de Tsetaeva puisés dans ses poèmes et dans ses échanges épistolaires, petit à petit, ils dessinent le portrait d'une femme libre de corps, d'esprit et de pensée que la vie aura souvent maltraitée.
Sur scène, Anne Conti porte, transporte et rapporte les mots de Tsetaeva. Des mots de liberté et d'engagement, mais aussi de force et de sacrifice que l'artiste défend en dansant, chantant, courant ou sautant, secondée par quatre bandes de papier qui servent tour à tour de rideau ou d'écran. Avec ce dispositif simple et clair à la fois, Anne Conti véhicule avec énergie l'engagement, l'urgence de vivre et la soif d'émotion qui hantera Tsetaeva jusqu'à sa fin. Des textes et un spectacle très contemporains invitant à secouer chez chacun la léthargie insidieuse d'une société uniforme et endormie. Diablement urgent donc.