Inès est encore petite. Et ce soir là, elle fait du bruit, dérangeant les voisins qui viennent frapper à la porte de l'appartement pour s'enquérir de la situation. Un homme répond affable, les assurant que c'est juste sa fille qui fait quelques comédies pour se coucher. Les portes se referment, quelques mètres plus loin, Inès pleure toujours. Sa maman, elle, est enfermée dans les toilettes, craignant la colère de l'homme dont elle partage la vie. Dans ses pas le lecteur découvre le quotidien d'une femme brimée, moquée, diminuée, battue, méprisée. Les espoirs, les envies de partir, les bribes de soutien puisées ça et là et, malgré tout, la constante pression, la peur quotidienne et un avenir pavé de craintes et de coups. L'intelligence de ce récit graphique en noir et blanc, c'est de ne jamais prendre position. Loïc Dauvillier et Jérôme d'Aviau n'y relatent que des faits vécus à la première personne et leur impact suffit à éclairer le lecteur, souvent vaguement informé du phénomène sans bien en mesurer l'ampleur. C'est désormais chose faite.