La Reprise. Histoire(s) du théâtre (I)
Il s’interroge sur leur sens politique autant que sur la fonction du théâtre. Qu’il traite de la fin des Ceausescu (Les derniers jours des Ceaucescu, 2009), du génocide rwandais (Hate Radio, 2011) ou de l’affaire Dutroux (Five Easy Pieces, 2016), il fait de la scène un lieu d’expérimentation, à partir de témoignages souvent relayés par la vidéo. Dans La Reprise (2018), premier volet de son ambitieux projet d’Histoire(s) du théâtre, il s’inspire d’un fait divers survenu à Liège en 2012 : le meurtre homophobe d’Ihsane Jarfi par un groupe de jeunes désœuvrés. Après un long travail d’enquête mené collectivement, qui prend appui notamment sur la retranscription du procès des meurtriers, Milo Rau propose une multiplicité de points de vue sur le drame et les confie, selon son protocole habituel, à six comédiens professionnels et amateurs. Comment représenter la violence sur scène ? Qu’est-ce que l’engagement artistique ? Qu’est-ce que le théâtre peut saisir de la cruauté et de l’absurde ? C’est le procédé même de la « reprise » qui nous est livré, reconstitution tâtonnante et distanciée, entre la brutalité de l’événement et la délicatesse de l’émotion qui lui survit.
Publié le 07/10/2022