La Cerisaie
L’affiche est éblouissante : Isabelle Huppert dans le rôle-titre (la plus grande actrice française, à l’écran et sur les planches, jusqu’à preuve du contraire) ; Tiago Rodrigues à la mise en scène (l’artiste portugais le plus courtisé par les théâtres européens et le nouveau directeur du Festival d’Avignon) ; et Anton Tchekhov (le dramaturge russe le plus joué, et encore d’une indépassable actualité).
En 2021, la pièce fait l’événement au Festival d’Avignon, où elle est créée sur la scène de la Cour d’honneur du Palais des Papes. Isabelle Huppert est Lioubov, une aristocrate désargentée, exilée à Paris, de retour dans son domaine en Russie pour régler ses dettes et peut-être vendre sa cerisaie, au grand dam de ses proches.
Dans une scénographie épurée, constituée d’une multitude de sièges et de quelques immenses lampadaires, Tiago Rodrigues représente la fin d’un monde bouleversé par les mutations sociales, qui s’apprête à basculer dans la révolution. Le rythme est effréné ; la musique rock, entêtante et électrique ; la troupe, magnifiquement métissée et portée par une comédienne virevoltante au sommet de son art. Réinventer La Cerisaie, pièce canonique du répertoire russe, n’était pas une mince affaire.
Tiago Rodrigues y est arrivé, avec une joie incandescente.
Publié le 10/08/2022