Éléphant, ou le temps suspendu
C’est dans la poussière, avec les oiseaux, dans les forêts et les déserts qu’elle nourrit son imaginaire. Elle se met à l’écoute de ce qui tend irrémédiablement à disparaître, comme l’éléphant qui lui a inspiré le titre de sa pièce. Accompagnée par des artistes chanteuses et musiciennes issues de la tradition populaire marocaine et collaboratrices de longue date, Bouchra Ouizguen est à la recherche de nouveaux (dés)équilibres avec un casting inédit qui confronte sans les mêler des univers et imaginaires très affirmés. Éléphant renouvelle l’approche développée dans ses précédentes créations, telles que Madame Plaza (2010) ou Ha ! (2012), pièce accueillie lors de l’édition 2017 de Résonance(s). Explorant de manière radicale le son à travers la voix et les percussions, la chorégraphe invite à un retour aux émotions et aux sons bruts. Les chants se mêlent aux cris, aux râles et aux pleurs. Ils semblent émaner d’un chœur antique dont les bruits assourdissants charrient leur cortège de souvenirs enfouis. Quand tout ce qui nous entoure tend à disparaître, Bouchra Ouizguen cherche ce qui se transmet et nous parle d’humanité tantôt avec sobriété et retenue, tantôt avec éclat et fureur.
Publié le 11/08/2022