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Un moment avec Anne Pacéo

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A l'occasion de la sortie de son album S.h.a.m.a.n.e.s, nous nous sommes entretenues avec la batteuse, chanteuse et compositrice Anne Pacéo qui revient sur son parcours, ses choix artistiques et son processus créatif.

Sortir : Votre musique est inclassable, très spirituelle, assez envoûtante, vous, comment la présentez-vous ?

Anne Pacéo : Ma musique est sans frontière... sans frontière de style et sans frontière terrestre aussi, je dirais que c'est une musique très mélodique car j'aime lorsque ça reste en tête. D'ailleurs, quand je compose une mélodie, je vais la chanter pendant trois jours. En boucle... Puis, ce disque est là pour faire du bien tout simplement.

S : Et dans quel « style » la classez-vous?

A.P : Dans ce disque, il a des musiques du monde, de la folk, de la pop, du jazz dans la part de liberté et dans les choix de sonorités.

S : Votre album s'appelle S.h.a.m.a.n.e.s, pourquoi ?

A.P : Le shamanisme m'a toujours parlée depuis que je suis jeune, j'ai lu beaucoup de choses là-dessus, notamment un bouquin de Corine Sombrun, Mon initiation chez les chamanes, c'est une journaliste qui est partie pour la BBC faire des enregistrements en Mongolie de cérémonies chamaniques. Elle se retrouve dans une yourte avec un(e) chamane, son tambour et sa voix et elle part en transe...
Donc je m'interesse à ça et au rapport à la nature. Quand tu lis sur les chamanes, il se connectent avec d'autres mondes. La musique c'est la même chose. Imaginons que nous nous se connectons avec un poste de radio qui n'existe pas, mais il faut trouver la bonne fréquence.
Comme le ou la chamane est un guérisseur, ma musique, quand je l'écris, me soigne et visiblement elle aiderait les autres. Par ailleurs, les musiciens et les musiciennes que je choisis sont aussi des chamanes, la magie opère.
Pour écrire le disque, j'ai aussi écouté pas mal de musique de cérémonies qui viennent de Sibérie, Mongolie, certains pays d'Afrique. Une manière de me nourrir, sans refaire la même chose. J'écoute, j'infuse, puis je vois ce qui sort.

S : Donc finalement, Vous travaillez de manière intuitive?

A.P : Je suis effectivement très instinctive dans ma manière de composer. Par exemple, je ne peux pas écrire de la musique tous les jours, parce qu'elle ne vient pas toujours à moi, il faut que ça s'impose à moi, sinon il ne se passe rien (rires). Je me nourris de sensations fortes !

S : Ici, la musique soigne et on sent qu'il y a une sorte de leitmotiv, un besoin de liberté, une ouverture peut-être ?

A.P : Oui, elle est indéniablement présente mais au delà de ça, il y a une thématique très importante pour moi depuis mon album Circles : c'est la mue ! ou les notions de cycles. En tant qu'être humain on vit des cycles intérieurs. Plus on vieillit, et plus on enlève des couches, ce qui nous rend vrais. C'est ce qui semble « chouette » dans le fait de grandir/vieillir, on apprend à savoir qui l'on est et on se comprend mieux. Donc, ma musique prend ce chemin, j'enlève des couches pour aller de plus en plus vers moi-même. On ressent ce sentiment dans le clip de Reste un oiseau réalisé par Juliette Bonvallet. C'est l'histoire d'une femme accompagnée par sa mère et sa grand-mère dans une grotte pour un voyage initiatique. Au fur et à mesure la jeune fille sort et mue afin de devenir libre et être cet oiseau.

S : Et donc pour créer votre univers ou « mue », comment procédez-vous ?

A.P : C'est assez variable, pas mal de morceaux sont écrits dans mon studio, je suis à l'intérieur de ma bulle qui se trouve dans une cave, en dehors du monde. Parfois je vais à la campagne, entourée de nature.

S : Cette passion pour la musique, pour la batterie comment est-elle née ?

A.P : Par rapport à la musique, ça commence quand j'avais 11 ans. Je voulais jouer de la batterie, je l'ai dit à mes parents. C'était un truc rien qu'à moi, qui me faisait un bien fou. Grâce à ça, j'ai pu m'épanouir car j'étais une enfant un peu dans son monde, j'avais peu d'amis et quand j'étais avec ma batterie je rayonnais. Un refuge donc, qui me pousse à ne jamais arrêter.
Puis, pour la composition, depuis que je suis gamine, j'entends des mélodies dans ma tête. Quand j'avais 14 ans, on m'a donné un petit clavier sur lequel je pouvais enregister des sons. Mais je ne me rendais pas compte que j'étais en train de composer. Puis, plus tard, j'ai appris à écrire la musique, j'ai posé les notes sur un morceau de papier et je l'ai ramené au groupe. Le fait de me dire compositrice c'est très récent...

S : Par humilité ? C'est très féminin ce sentiment...

A.P : C'est claire qu'en tant que femme, ça n'est pas encore évident. On s'excuse beaucoup d'être là, on ne sait pas trop. On a ce syndrôme de l'imposteur qui nous poursuit longtemps...

S : Vous renvoyez pourtant une image forte, une envie d'affronter quelque chose, vous en imposez avec votre batterie, avec vos nombreux projets, penses-vous avoir abouti à quelque-chose avec ce dernier album ?

A.P : Je pense que j'ai plein de choses à donner mais je prends le temps. J'ai tout de même affirmer quelque chose : ça c'est ma musique, ça c'est moi ! C'est dur à classer, ouais, mais j'ai réussi à proposer, je crois, quelque chose d'original. Je suis fière de ça ! C'est aussi grâce aux musiciens qui m'entourent très inspirés, car j'écris pour eux également. J'entends chacun de leurs intruments et m'en inspire, toujours.

S : D'autres projets pour la suite ?

A.P : Oui ! Je continue ma tournée à travers la France jusque avril 2023, réalise de nombreuses créations en parallèle et me laisse porter jusqu'au prochain album, j'espère !

Propos recueillis par Clémence Bry 

Publié le 01/01/2023 Auteur : nicolas lecomte

Le 26 janvier à 20h30
De 13€ à 25€
La Coursive, La Rochelle
www.la-coursive.com


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