« ʺSalut, bande d’enculés !ʺ
C’est ainsi que je salue mes parents quand je rentre à la maison.
Je ne suis pas seule. Mes copains m’accompagnent. Ils ne me croient jamais quand je leur dis que mes parents sont sourds. Je vais leur prouver que je dis vrai.
ʺSalut, bande d’enculés !ʺ Et ma mère vient m’embrasser tendrement. »

Le ton est donné, c’est d’amour, de fierté, mais aussi de honte et d’admiration dont il est question dans ce premier roman. L’auteur, Véronique Poulain, y raconte son adolescence avec ses parents, sourds et muets, tandis qu’elle est entendante. De ce point de départ, l’auteur parvient, et contre toute attente, à raconter une histoire évidemment touchante, mais surtout très drôle. Car si l’adolescente est cruelle, elle ne l’est finalement peut-être pas plus que n’importe quelle ado… « Il ne s’agit pas d’une généralité sur les sourds, ni d’un essai sur la langue des signes, rappelle l’auteur. C’est juste un roman sur mes sentiments ». Peut-être, mais cette histoire de double culture ouvre malgré tout à de nombreuses questions autour du langage. Une jolie surprise.

Le bonheur national brut, François Roux
Le bonheur national brut, c’est la mesure utilisée par le petit royaume du Bhoutan (Himalaya) qui a décidé de refuser la dictature du PIB (Produit Intérieur Brut). L’idée : valoriser la protection de l’environnement, la culture bhoutanaise, une bonne gouvernance et un développement économique durable. Quatre piliers et autant de personnages principaux dans Le bonheur national brut, le dernier roman de François Roux.
Une fresque sociale qui démarre le 10 mai 1981. François Mitterrand est élu. Au milieu de cette joie et de cet optimisme ambiant, Paul, Rodolphe, Benoît et Tanguy, quatre adolescents bretons, passent leur bac et rêve de leur avenir. Percer en politique ? Devenir médecin ? Suivre la voie de Bernard Tapie ? Pendant toute la première partie de ce pavé, nous suivons le parcours de ces quatre jeunes hommes si proches mais si différents. Déjà, des liens qui dureront une vie se tissent. Déjà, des amitiés se distendent…
Deuxième partie, nous sommes en 2009. Presque trente ans plus tard, où en sont ces quatre, désormais, « hommes d’âge mûr » ? Un peu roman d’apprentissage. Un peu chronique politique. Un peu réflexion sociale. Le tout saupoudré de destins personnels. François Roux mixe le tout, ajouter une pincée de nostalgie, de sujets de société et réussi à boucler 650 pages sans que le lecteur ne trouve l’ensemble indigeste. Belle performance.