Ordonnée par le photographe Mathieu Pernot, la scénographie privilégie une approche formelle et iconographique plutôt que factuelle et historique du fait divers. Il ne s'agit donc pas de raconter une affaire en particulier mais plutôt de questionner une pratique du médium photographique par l'instruction judiciaire et de voir en quoi celle-ci peut ouvrir sur un autre imaginaire. Les dossiers relatent aussi bien les grands faits divers de la région que les affaires les plus anonymes. Bien que peu importante par rapport aux écrits conservés dans les dossiers, la photographie est présente de façon régulière dans l'ensemble des affaires instruites au XXe siècle. Si la pratique de ce médium a évolué au cours du siècle, on retrouve des éléments iconographiques récurrents dans la photographie judiciaire. Parmi les plus courants, on peut citer les images des lieux du crime, les reconstitutions, les relevés d'empreintes et de taches, les reproductions des armes, etc. En ne donnant jamais à voir l'image dramatique des corps des victimes, Mathieu Pernot vide le dossier de sa dimension tragique pour nous donner la possibilité de voir autre chose. Ce n'est pas le moindre intérêt de cette remarquable exposition, dont les images rappellent par ailleurs d'autres pratiques du médium photographique, tels le roman-photo avec des photos de reconstitutions légendées ou la photographie plasticienne avec des photographies de balles et de cartouches.