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O – Olivier Marguerit : A terre !

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Si Olivier Marguerit alias O, artiste multi-instrumentiste, accompagne de nombreux groupes (Syd Matters, Mina Tindle, Thousand, Chevalrex, Halo Maud...), il ne délaisse pas pour autant sa carrière solo.

Et revient avec un 2ᵉ album, A terre !, un petit bijou de pop française. A travers ses textes parlant de vertige, de chute, d'alcool, de crises existentielles, ses mélodies entraînantes accompagnées de chœurs féminins harmonieux, O livre un disque tonique et lumineux. Un voyage à travers la pop contemporaine.

Sortir : Vous avez un profil touche-à-tout, puisque vous jouez dans plusieurs groupes, faites des musiques de films... Pouvez-vous résumer votre parcours ?

Olivier Marguerit : J'ai commencé la musique assez jeune en fait, par le Conservatoire, puis un peu plus tard, par une école de jazz. Parallèlement à ces enseignements, j'ai commencé à accompagner des artistes, à jouer dans des groupes. Donc j'ai commencé à faire des disques et à faire des tournées assez tôt, j'avais 18-19 ans. Pendant longtemps, j'ai beaucoup accompagné, jusqu'à la trentaine où j'ai envisagé, passé un âge un peu plus adulte, d'avoir un enfant, C'est un moment où j'ai commencé à faire plus de chansons pour moi et à les incarner. C'est vraiment le moment où j'ai commencé à faire ce projet O, qui est devenu Olivier Marguerit, et que j'ai fait ce premier disque (Un torrent,la boue ndlr), et ce second, A terre !, que je joue sur scène.

 

Sortir : Le déclic de la trentaine ?

Olivier Marguerit : C'était un mélange de plein de choses, mais c'est effectivement à cet âge-là que j'ai récupéré un lieu où j'ai pu installer mon matériel, une sorte de studio qui est devenu un espace où j'ai pu me mettre à travailler. Quand je ne jouais qu'avec des gens, je n'avais pas d'espace pour moi, pour travailler. Donc ça a aussi été l'acquisition de cet endroit qui m'a permis après de composer.

 

Sortir : Quels instruments avez-vous étudiés ?

Olivier Marguerit : J'ai commencé par la guitare, et puis quand je suis entré à l'école de jazz, j'ai surtout appris à écrire pour des orchestres : des big bands, des orchestres à cordes, des grands ensembles... C'était chouette, ça m'a permis d'avoir une vision assez globale de la musique, de m'intéresser pas forcément qu'à l'instrument que moi je peux pratiquer, mais à l'ensemble des instruments du groupe de musique ou de l'orchestre.

 

Sortir : Ça vous manquait, dans un groupe, de ne pas toujours pouvoir participer à l'écriture ?

Olivier Marguerit : Je participais parfois à l'écriture mais c'est vrai qu'être dans un groupe, forcément, il peut y avoir une petite frustration, même si on ne la définit pas telle-quelle au moment où on la vit. Mais commencer un projet plus solo, c'est super car c'est un moment où on va chercher des choses qu'on n'a pas pu exploiter quand on était avec d'autres.

 

Sortir : Vous continuez à jouer dans les groupes comme Syd Matters, Thousand en parallèle de votre carrière solo ?

Olivier Marguerit : Oui complètement ! Pour l'instant, Syd Matters est en pause. En ce moment je suis beaucoup avec une chanteuse qui s'appelle Halo Maud, qui est signée en Angleterre. J'ai fait toute sa tournée avec elle, et elle joue d'ailleurs sur scène avec moi dans O. Et puis je travaille toujours avec Thousand, on va travailler sur un prochain album ensemble. Je joue aussi avec Chevalrex. J'aime bien en fait, c'est un bon mélange, de faire de la musique un peu plus tranquillement, c'est-à-dire d'accompagner les autres avec beaucoup moins de pression, et puis parallèlement à cela, défendre son projet, ses chansons... C'est cool !

 

Sortir : D'ailleurs, pourquoi O comme nom de scène ?

Olivier Marguerit : Alors, ça a débuté sous ce symbole du O, car quand j'ai commencé il n'y avait aucune velléité commerciale. J'avais commencé à faire mes chansons dans le lieu que j'avais récupéré, c'était plus de l'expérimentation plutôt que des chansons. Je ne pensais pas que ça allait se diffuser. J'aimais bien ce symbole un peu parfait du O. Et puis après, sur la pratique, quand je me suis retrouvé à défendre mes chansons, il fallait être trouvable sur internet, et c'est devenu compliqué de n'avoir que ce O. C'est pourquoi on l'a agrémenté de mon prénom et nom, donc ça devient un peu plus naturellement O - Olivier Marguerit. Au début ça me plaisait, j'aimais bien l'idée de devoir chercher pour me trouver mais maintenant je me rends bien compte qu'en sortant un disque, ça n'était plus possible !

 

Sortir : Quelles sont vos influences musicales ?

Olivier Marguerit : Ce qui m'a inspiré quand j'ai commencé à composer de la musique et à m'y intéresser, c'était beaucoup les groupes des années 60 que j'ai découverts, comme les Beatles, les Beach Boys... C'est une époque où on inventait un peu les gallons de la pop, c'est à dire qu'on inventait le fait d'utiliser des harmonies qui pouvaient venir de la musique classique, une énergie qui pouvait venir du rock, des harmonies vocales... C'est quelque chose qui m'a vraiment beaucoup nourri quand j'étais plus jeune. Maintenant que je suis plus adulte, j'ai l'impression de faire partie de cette scène de chanteurs de ma génération, les Frànçois and The Atlas Mountains, peut-être les Flavien Berger... Tous ces gens-là avec qui je sens pas mal d'accointances. On est resté tous copains et j'ai l'impression qu'on fait partie d'une même génération.

 

Sortir : Vous avez mis près de 3 ans à sortir ce 2e album, est-ce parce que vous souhaitiez prendre votre temps ou à cause d'un éventuel syndrome de la page blanche ?

Olivier Marguerit : En fait, les trois ans sont passés assez vite car ce n'est pas trois ans où on ne fait rien. C'était du temps passé à défendre le premier album, et puis comme j'accompagne d'autres groupes, je suis parti en tournée avec eux. Mais effectivement, quand j'ai commencé à envisager l'album suivant, j'avais besoin d'un cadre pour bien commencer à travailler et là, je n'arrivais pas à bien définir ce cadre... Je l'ai cherché pendant assez longtemps, j'avais des bouts de morceaux, mais ça ne se transformait pas en chansons, en quelque chose d'évident pour moi. Donc j'ai mis un peu de temps à chercher quelque chose qui puisse me plaire. Et puis tout d'un coup, il y a eu un déclic sur un morceau où je me suis dit « tiens là j'ai trouvé quelque chose », c'était surtout des obsessions de sons, de placements de la voix, d'énergie... Et une fois que j'ai eu ce premier déclic, tout s'est hyper naturellement mis en place. C'est-à-dire que tous les petits bouts de morceaux que j'avais et sur lesquels j'avais l'impression de bloquer depuis des mois, en fait se sont très rapidement transformés en chansons. J'ai réussi à maquetter très vite plein de morceaux et c'est devenu les prémisses de l'album. Une fois que j'avais passé ce petit moment de recherche du début, j'ai commencé à formaliser quelque chose et c'est ensuite allé assez vite. Et ça m'a coûté, effectivement, un petit peu de temps.

 

Sortir : Quels éléments avez-vous voulu changer par rapport à votre premier album, Un torrent, la boue ?

Olivier Marguerit : Le premier album était vraiment un travail en solitaire, je l'ai produit un peu tout seul, un peu reclus dans ce studio à Paris. Et même l'incarnation sur scène était un peu serrée autour de moi. Avec ce nouvel album A terre !, j'avais envie de quelque chose de beaucoup plus collectif, je voulais impliquer des ami.e.s musicien.ne.s avec qui je joue, donc on est allé au studio ensemble. Et puis j'avais envie qu'il y ait une énergie sur scène plus rock, plus live, alors que le premier album était plus sinueux, les morceaux plus alambiqués, là je voulais quelque chose de beaucoup plus tonique. C'est cela que je recherchais quand je parlais de la page blanche, je cherchais la façon d'arriver à rendre ces morceaux le plus gai possible, le plus pop, avec des refrains qui pourraient être fédérateurs. C'est pour ça que je suis hyper content de pouvoir jouer l'album sur scène : comme on est 5 dans le groupe, ça apporte une réelle source d'énergie sur scène. Les morceaux avaient besoin de cette énergie pour exister tels qu'ils existent aujourd'hui en concert.

 

Sortir : Comment composez-vous un titre ?

Olivier Marguerit : Je commence toujours par la musique. J'ai régulièrement des petites idées qui passent et que j'enregistre très rapidement et sommairement sur des dictaphones. Et après je laisse ces idées-là un peu maturer, je reviens dessus de temps en temps, j'essaie de les agrémenter, de trouver des styles, des choses qui pourraient les précéder... Ça devient alors, très lentement, des chansons. Et puis quand je sens que je comprends la dynamique du morceau, à quel moment il pourrait y avoir une répétition, quand je commence à bien définir la ligne mélodique du morceau, c'est le moment où je peux commencer à réfléchir aux textes. Souvent j'écris le texte au moment où j'ai défini un cadre, en tout cas sur les deux albums, ça s'est passé comme ça. C'est des albums où, dans les deux, on retrouve des thématiques qui se croisent, des mots qui reviennent... J'attends d'avoir ce projet-cadre de dessiné pour pouvoir après mettre des mots et définir les mélodies en textes. Les musiciens ne participent pas à la composition, c'est quelque chose que je fais encore en solitaire, mais par contre ils sont présents en studio, on essaye de trouver à chaque fois les forces de chacun pour qu'elles s'expriment au mieux.

 

Sortir : L'album fait beaucoup références au vertige, à la chute (En chute libre, les pédales) et même à l'alcool (Tu sais je ne sais plus, Ce bateau...). Pourquoi ce choix ?

Olivier Marguerit : C'est parti d'une blague. Quand je me posais la question du O, de comment le défendre, comment le présenter, on m'avait dit « mais c'est l'enfer cette histoire de O, il faut trouver autre chose ». Pour rigoler et pour compliquer un peu les choses, j'avais répondu « Et bien on aura qu'à changer le nom à chaque album, une fois « eau », une autre « haut »...» Et en fait, le premier album était assez aquatique, il parlait de naissance, donc un peu du liquide amniotique, de l'amour protecteur, de choses que j'avais envie d'englobant. L'idée de l'eau a été présente. Ce deuxième disque, l'idée de la hauteur, du vertige, est restée. En plus, dans ma famille, les hommes ont quasiment tous le vertige, assez prononcé d'ailleurs, alors j'ai travaillé cette idée-là. Comme j'avais eu aussi ce moment de page blanche, j'avais l'impression que tout pouvait s'arrêter, qu'il y avait une sorte de fin, presque un précipice devant moi. Je me suis dit pourquoi pas travailler cette forme-là, ça aurait pu être autre chose mais je trouvais cela intéressant. Et puis la chute, c'est l'idée que tout s'effondre, qu'on perd pied, mais c'est aussi l'idée de se dire qu'une fois qu'on est tombé, on peut remonter, rebondir. Ça va avec l'idée du O, cette forme qui permet de remonter, de redescendre, de remonter... J'avais envie que ce soit un peu cela le centre.

 

Sortir : Quelle est la part de fiction et d'histoires personnelles dans vos textes ?

Olivier Marguerit : Tout est un peu mélangé, ça parle pas mal de moi effectivement, mais de façon codé. Souvent je tronque des phrases, je change de sujets... Cela permet de raconter des choses en se livrant sans se livrer, en gardant une sorte de distance poétique. Pour Avale-moi par exemple, c'est une sorte de dialogue amoureux entre une femme dans les couplets et un homme dans les refrains. Il se trouve que les deux personnages sont moi bien sûr, mais c'est une façon de présenter la narration.

 

Sortir : L'album semble plus tonique, lumineux, plus pop que le premier. Avec une grande présence des chœurs (En chute libre). Comment vous-êtes vous entourés ? Qui d'autres joue avec vous sur le disque ?

Olivier Marguerit : Il s'agit de trois amies chanteuses avec qui je travaille – Maud d'Halo Maud, Emma Broughton, la voix féminine de Thousand et Mina Tindle, une chanteuse avec qui j'ai beaucoup travaillé par le passé et avec qui j'ai fait des tournées. J'ai beaucoup travaillé avec chacune d'entre elles, et elles sont amies, donc ça s'est fait hyper naturellement. Je voulais qu'il y ait une présence de voix féminines parce que dans l'idée de la chute, j'avais envie qu'il y ait cette présence qui pourrait me rassurer, me rattraper parfois, quand j'irai un peu trop loin. En exprimant des peurs, j'avais envie de cette force un peu protectrice. Comme elles se connaissent très bien, qu'on se connaît tous très bien, c'est super facile de travailler avec elles, j'adore leur voix, qui s'accordent bien ensemble. On avait monté une fois un spectacle juste tous les quatre, où on a pu tester ces morceaux-là avec les chœurs et ensuite elles sont venues enregistrer ce qu'on avait prédéfini pendant tout le spectacle. Sur scène on est 5 : Maud et Emma – Mina Tindle ne pouvait pas être présente – et Jérôme Laperruque et Mathieu Geghre, qui avaient fait la première tournée avec moi et qui sont toujours là.

 

Sortir : Ce choix de chanter en français est venu naturellement ? J'ai noté que seuls Ensablé et En chute libre mêlaient le français et l'anglais, pourquoi ?

Olivier Marguerit : C'est un faux choix, c'est-à-dire que j'ai commencé par écrire en français quand j'écrivais des chansons un peu tout seul dans mon coin quand j'avais 20 ans. Mai j'ai aussi joué dans des groupes où on chantait en anglais. Dans les années 2000-2010, c'était normal de chanter en anglais pour un groupe français, c'était même un peu ringard de chanter en français, je ne sais pas trop pourquoi. Mais en fait, la langue, pour moi, a toujours été perçu comme un instrument parmi d'autres. Je n'y attache pas plus d'importance que ça. Il se trouve que je suis beaucoup plus à l'aise avec le français parce que c'est ma langue maternelle et qu'en plus je ne parle pas un anglais génial. Donc quand je chante en anglais, j'ai l'impression d'aller vers des choses beaucoup plus génériques que quand je chante en français et où je peux exprimer une singularité. C'est plus cela qui fait que le français s'impose. Mais assez souvent, une mélodie arrive et je l'entends plus facilement en anglais qu'en français, et ça me va très bien. J'avais même envisagé de mélanger beaucoup plus de langues, et puis finalement ça ne s'est pas fait. J'avais prévu de faire un duo avec une amie thaïlandaise, mais peut-être qu'on le fera plus tard. J'aime bien l'idée que la langue soit presque comme un instrument, un instrument certes un peu particulier, mais je ne suis pas attaché plus que ça au choix d'une langue.

 

Sortir : Plutôt scène ou plutôt studio ?

Olivier Marguerit : Je crois que j'ai besoin des deux moments. J'ai été beaucoup scène parce que j'ai fait beaucoup de tournées avec différents groupes. Je commence à avoir une certaine expérience de ça et j'y prends toujours beaucoup de plaisir. Le studio, c'est un moment assez magique car c'est le moment où la musique est en train de se construire. Là j'ai fait deux jours en studio avec le groupe Chevalrex, c'est super de voir un morceau émerger de rien, de commencer des prises et puis au bout d'une journée, avoir quelque chose qui va rester. C'est super, c'est agréable, en particulier aux arrangements. J'aime l'idée qu'après ce travail un peu laborieux du studio, une fois qu'on a crée cette matière-là, qu'elle puisse être jouée sur scène. C'est assez libérateur en fait. J'ai très envie de jouer en ce moment, parce que j'ai gardé pendant très longtemps ces morceaux pour moi, j'ai travaillé longtemps en studio, et le fait de pouvoir trouver quelque chose de beaucoup plus immédiat avec, pendant les concerts, c'est hyper agréable. J'ai du mal à choisir entre la scène et le studio, les deux se nourrissent.

 

Sortir : Si vous deviez faire un featuring avec quelqu'un, ce serait avec qui ?

Olivier Marguerit : Je dirais sans doute pas avec un.e français.e, j'aime bien l'idée d'aller vers quelque chose de plus exotique. Il y a cette chanteuse thaïlandaise dont je parlais tout à l'heure. Et aussi un artiste que j'aime beaucoup, avec qui rêve de pouvoir travailler : c'est Robert Wyatt, un chanteur et musicien anglais. Il a l'air d'être la personne la plus gentille de la terre et j'aimerais bien, même juste passer du temps avec lui, avoir l'occasion de travailler avec. Et en plus, ça se fait apparemment assez facilement car comme c'est quelqu'un qui a l'air vraiment très sympa, il accepte pas mal de propositions de featuring, il a déjà fait des trucs avec des groupes français. Donc c'est très possible. En tout cas dans ma tête, c'est envisageable.

 

Sortir : Côté musique de films, quelle est votre dernière création ? C'est un milieu qui vous attire ?

Olivier Marguerit : Ma dernière création, c'était la musique d'un film japonais, son titre français c'est Le lion est mort ce soir de Nobuhiro Suwa avec Jean-Pierre Léaud. Le cinéma, c'est un endroit où je peux exprimer d'autres choses que via des chansons. C'est assez agréable de travailler sur des images, et généralement la musique qu'on me demande de produire est souvent plus simple. Et ça permet de travailler un peu plus à la maison, d'être moins dans un rythme de tournées. C'est un bon équilibre pour moi, quand je ne fais pas de tournée, de pouvoir travailler sur des projets un peu plus de façon cachée, sur des films. J'aime beaucoup.

 

Sortir : Des projets pour la suite ?

Olivier Marguerit : Oui, j'en ai toujours ! Là il y a l'album de Thousand qu'on va travailler ensemble en juin, je suis aussi sur le prochain disque de Chevalrex, qu'on vient de commencer. Je travaille aussi avec un chanteur belge, son groupe s'appelle The feather, et on est en train de travailler sur l'allbum, c'est assez super !

Publié le 29/04/2019 Auteur : Capucine CORRADI

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