Jérémy Ferrari, désabuseur public

Après la religion dans son premier premier spectacle Hallelujah Bordel, la guerre dans Vends deux pièces à Beyrouth, l'humoriste poursuit sa série de spectacles thématiques avec Anesthésie Générale, cette fois-ci consacré au domaine de la santé, en parfaite adéquation avec l'époque.
L'humour noir est un style assez peu représenté dans l'univers du stand-up français, Jérémy Ferrari a pourtant choisi d'en faire sa marque de fabrique. Arborant le sourire acerbe du sale gosse fier de sa mauvaise blague, le comédien s'est fait spécialiste dans l'art de se jouer des limites qu'on appose à l'humour, de susciter le malaise et l'interrogation, et de traiter les sujets inabordables. Ceux qui sont généralement assez peu traités par les humoristes.
Si le ton sardonique du comédien est assumé, il n'en est pas gratuit pour autant. Pour le comédien, l'humour est un sujet serieux, et un moyen plutôt qu'un but. Aussi s'affaire-t-il à donner à son spectacle une profondeur en se documentant de manière studieuse sur les sujets abordés, en allant à la rencontre de professionnels et d'universitaires. Dans le but de maîtriser son sujet, tout d'abord, mais aussi de dénoncer les dérives des milieux liés à ses thématiques. A la fois drôles, engagés et informatifs, les spectacles de Jérémy Ferrari sont un régal. Si l'on est pas trop sensible bien sûr !