Sortir : Ce film est basé sur une rencontre assez improbable, comment faites-vous pour que ce soit crédible ?
Albert Dupontel :
Ces deux personnages sont paumés. Je voulais faire rencontrer deux pseudos pôles de la société, qui n’en sont pas réellement. Finalement ils ont les mêmes valeurs en eux. Ce film c’était une façon improbable et drolatique de les faire se rencontrer.

Vous dites que le scénario de départ était assez invraisemblable. Finalement vous avez renoncé à être plus crédible ?
A.D : Ce qui m’intéresse c’est d’être crédible émotionnellement. Mais pas de faire un documentaire.

Est-ce que ça veut dire qu’on ne peut pas faire rire avec quelque chose qui serait strictement crédible ?
A .D :
Je fais des drames rigolos plutôt que des comédies. Le drame me touche donc je le raconte. Dans un deuxième temps je pervertis mon drame et m’amuse avec les personnages. Au départ je raconte une histoire, hautement improbable, mais le public n’a pas besoin de vraisemblance pour y croire. Ce qu’inconsciemment les gens me demandent c’est de mentir. Simplement ils veulent que je mente avec élégance. Il y a une tolérance, parce que les gens veulent que ces deux personnages vivent quelque chose ensemble.

Est-ce que l’univers de Sandrine Kiberlain a agi sur votre façon de faire ?
A.D : Elle a un potentiel d’émotion hallucinant. Elle dégage quelque chose malgré elle, au-delà de son talent d’actrice. Elle est arrivée au moment où je pensais laisser tomber le projet parce que je ne trouvais pas d’actrice avec ce mélange d’humour et d’émotion. Même quand elle est en colère, on a envie de la prendre dans ses bras. Elle a joué la maitresse du petit Nicolas, et elle m’a fait penser à une scène où il dit « la maitresse quand elle est en colère elle est jolie ». Hé bien, je trouve que Sandrine quand elle est en colère elle est jolie. Aujourd’hui je n’arrive pas à imaginer quelqu’un d’autre dans le rôle.

Dans ce film vous incarnez un personnage très tendre…
A.D : J’ai l’impression que l’enjeu est un enjeu qui émeut tout le monde. L’enjeu c’est l’enfant.

Vous sentez que ce film plait beaucoup, qu’il y a une sorte d’amour général pour ce film ?
A.D : Les gens rentrent facilement dans le film parce qu’ils s’identifient. Si on prend Bernie, un type en retard intellectuellement, on ne peut pas s’y identifier. Tout le monde peut s’identifier à Ariane. Je voulais que ce soit simple. Mais faire simple, c’est très compliqué ! Mais je pense qu’il y a une acceptation du public de ma présence sous leurs yeux, ils s’habituent (rires).